Comment fabrique-t-on un chapeau en feutre ?

 
 
 

La question revient sans arrêt : Comment fabrique-t-on un chapeau en laine

Depuis nombre de siècles, la fabrication d’un chapeau de laine repose sur le savoir-faire de nombreux artisans qui interviennent à différents moments du processus de fabrication.  

Pour vous éclairer sur le sujet, Mademoiselle Joy vous a préparé un récapitulatif de toutes les étapes, et vous explique pas à pas,les procédés de fabrication de votre chapeau !


Pré-requis :  Un peu de physique pour commencer !

A la base de tout chapeau, il y a d’abord la matière première = le feutre. Nous distinguons deux types de feutre : le feutre de laine et le feutre poil :

  • Le feutre de laine, le plus courant, est composé de laine de mouton ou de chèvre. 

  • Le feutre poil, plus luxueux et onéreux, est fabriqué à partir de poils de lapin ou de lièvre.

La fabrication d'un feutre repose sur un phénomène assez naturel qui consiste à l’enchevêtrement de fibres animales soumises à l'action combinée de la chaleur humide et du mouvement.

En effet, à froid et à sec, la matière ne réagit pas et reste perméable et indéformable. En revanche, chauffée à la chaleur humide, celle-ci devient … malléable et imperméable !

Étape 1 : Le soufflage 

La première phase de fabrication est celle du soufflage qui consiste à éliminer toutes les impuretés de la laine (ou des poils de lapin) par un procédé de ventilation. Les fibres sont ensuite peignées et une fois cadrée, la laine se présente sous forme de nappe uniforme prête à être utilisée. 

Étape 2 : Le bâtissage

La seconde étape dans la fabrication d’un chapeau est celle du  bâtissage :  

La nappe de ouate de laine fabriquée précédemment s’enroule sur une grande cloche métallique percée de trous et recouverte d’un toile humide qu’on appelle bâtisseuse. Cette nappe est arrosée d’eau chaude et aspirée sur la bâtisseuse. Les fibres s’agglomèrent les unes aux autres afin de former une grande cloche dont la taille correspond à 5 fois celle du futur chapeau. 

Le travail s’effectue à deux, bâtisseur et peseur. Celui-ci à l’extrémité de la machine, pèse et charge la quantité de laine nécessaire pour obtenir la cloche désirée.

 
 

Étape 3 : Le semoussage

Après le bâtissage, on retrouve le semoussage, étape dans laquelle la matière est tordue dans tous les sens sur une table chauffante afin d’éviter que la laine ne revienne à son état initial. 

En effet, au sortir de la bâtisseuse, les cloches n’ont aucune solidité. Elles vont être pliées par cinq ou six dans une serpillière mouillée puis essorés et travaillés séparément. L’ouvrier va déplier ces cloches une par une et va les rouler en tous sens sur la table de fonte chauffée progressivement à la vapeur.

Après 10 minutes de semoussage la matière prend forme, et perd environ 10 cm.

 Étape 4 : Le foulage mécanique

Vient ensuite le foulage. Chaque cloche est passée entre d'énormes rouleaux qui vont resserrer le feutre. Après 5 à 6 heures de passages renouvelés entre ces deux rouleaux arrosés d'eau bouillante acidulée, les cloches se feutrent définitivement et atteignent environ 30 à 40 cm. Elles deviennent alors résistantes et imperméables. Cette étape est très importante car un feutre bien foulé est fin, résistant, homogène, élastique à la chaleur, indéformable à froid et imperméable.

Étape 5 : La teinture

Vient ensuite la phase teinture. Les chapeaux - encore à l’état de cloches - sont placés dans une cuve et brassés dans des colorants chimiques afin de donner au feutre la couleur souhaitée.

Si le temps de la teinture est trop long, celui-ci se désagrège et perd ses qualités.

Étape 6 : L’étirage de tête ou connage

Ensuite, la cloche est étirée afin d’être arrondi et de préformer les bords. La cloche est chauffée à la vapeur, son fond en est écarté pour obtenir la forme brute finale du cône.

 
 

Étape 7 : Les finitions

Pour que la matière ait l’aspect souhaité (ras, taupé, flamand ou mélusine), on effectue un ensemble d’opérations qui donnent à la surface du feutre son aspect définitif. (Ex : Feutre ras ou lisse par ponçage du feutre au papier de verre). 


Étape 8 : L’appropriage

Puis arrive l’étape cruciale de la mise en forme, ou appropriage, qui consiste d’abord à ramollir les cônes de feutre dans une marmite grâce à la vapeur, puis ensuite à former le chapeau à la main sur des moules, en bois ou en métal, choisis selon la forme et le tour de tête souhaité. 

 
 

 Étape 9 : Le bichonnage

L’avant dernière étape est le bichonnage qui va permettre de donner au chapeau sa forme définitive et son aspect brillant à l’aide d’un fer à repasser.

Étape 10 : Le garnissage

Et pour la finir, la dernière phase est le garnissage au cours de laquelle on ajoutera les galons intérieurs et les ornements.

Vous l’avez donc compris : Mademoiselle Joy est donc une garnisseuse qui parachève, dans son propre atelier, le travail de nombreux ouvriers intervenant avant elle dans la fabrication de votre chapeau. 

Et voilà, votre chapeau est prêt !

Nous espérons que la fabrication des chapeaux feutre n’a plus de secret pour vous ! Si les processus de fabrication des chapeaux vous intéressent, nous vous invitons à aller découvrir notre article suivant sur la fabrication des chapeaux de paille cette fois !